Monsieur le Président,

Si nous reconnaissons pleinement votre fonction ainsi que les importantes responsabilités qui en découlent, nous avons pour notre part, en légitimité, la représentation du personnel.

Nous entendons la gravité de la situation budgétaire actuelle et saluons le principe d’avoir, à plusieurs reprises, réuni l’ensemble des organisations syndicales. Toutefois, il nous faut travailler plus efficacement sur un certain nombre de sujets

La situation budgétaire ne justifie pas tout.

Que dire de nos collègues issus des collèges, qui n’ont toujours pas de règlement intérieur harmonisé, privant ainsi les agents d’un cadre de travail stable, équitable, et de pratiques professionnelles unifiées d’un établissement à l’autre ? Les premières réunions dans le cadre du dialogue social ne sont pas satisfaisantes, répondent à la commande pour répondre à la commande et manque cruellement de profondeur malgré nos contributions importantes sur le sujet.

Que dire de nos collègues de la Direction des Infrastructures, qui n’ont pas obtenu de contrepartie à la hauteur de la perte de leurs « paniers repas », pourtant essentiels à la reconnaissance de leurs différentes contraintes ?

Que dire de nos collègues sociaux et médico-sociaux, qui ont dû se mobiliser à plusieurs reprises pour obtenir une juste rétroactivité de la loi ? Et à qui on a imposé la translation de leur RIFSEEP en CTI, annulant l’esprit de la loi qui venait reconnaître la particularité de leurs professions, et malgré le vote défavorable de deux organisations syndicales, dont la nôtre ?

Que dire encore de nos collègues administratifs de la DGAS, qui ne perçoivent toujours pas le RIFSEEP « expertise », qui aurait pu compenser, à défaut, l’absence de versement du CTI ?

Que dire du service de PMI qui peine à recruter depuis plus de 10 ans des médecins ? Les nombreux congés maladie non remplacés, le non recrutement ou la durée de recrutement ne permettent pas de couvrir tous les territoires, obligeant le service à se restructurer en pôle voire en tri-pôle pour assurer un minimum de continuité de service.

Que dire des agents de Biblio-Gironde ou de la Direction du Patrimoine, qui n’ont toujours pas accès à des jours de congés supplémentaires, alors même que la pénibilité de leurs métiers est reconnue ?

Que dire des travailleurs sociaux, confrontés à une charge mentale lourde et parfois à la perte de sens, et qui attendent toujours une reconnaissance concrète ?

Nous pourrions aussi rappeler le désir réel et l’enthousiasme de nombreux agents de la DP, de la DC et de la DI, qui souhaitent ardemment voir émerger un Pôle Technique Départemental, permettant de mutualiser leurs compétences et de valoriser leur engagement professionnel.

Que dire de nos conseillers en développement, qui se sont mobilisés contre un rattachement hiérarchique inadapté aux pôles jeunesse, sans réelle prise en compte de leur expertise ni de leur métier ?

Et que dire de tous ces agents privés d’un vrai protocole de mobilité, et qui ne peuvent donc faire valoir leurs droits, en l’absence d’un cadre clair et d’un appui fort de la Direction des Ressources Humaines ? Une DRH qui, pour être à la hauteur des enjeux, devrait retrouver un statut de Direction Générale Adjointe (DGA), condition nécessaire à l’exercice plein de ses missions.

Que dire encore de cette absence de volonté manifeste de reconnaître l’effectivité réelle des journées de télétravail, avec des heures écrêtées injustement ?

Du retard pris dans la mise en œuvre d’un contrat collectif santé et prévoyance, pourtant attendu et nécessaire ?

Que dire de ces collègues que nous accompagnons régulièrement auprès de la DRH, car confrontés à des difficultés dans certains services où des cadres dysfonctionnant agissent en toute impunité ?

Et que dire, enfin, de tant d’autres situations dont nous avons le sentiment qu’elles sont édulcorées, minimisées, invisibilisées, alors même que les alertes ont été posées et les agents mobilisés ?

À quand une véritable réflexion sur la place et la valorisation de l’encadrement intermédiaire ?

Alors que les réorganisations s’enchaînent, que les contraintes budgétaires pèsent toujours plus lourdement sur les services, et que les attentes vis-à-vis des agents ne cessent de croître, l’encadrement intermédiaire reste le grand oublié des politiques de ressources humaines.

Ces collègues – souvent encadrants de proximité ou porteurs d’une expertise forte – sont en première ligne :

· pour porter les décisions de la hiérarchie,

· accompagner les agents,

· gérer les tensions,

· s’adapter aux restructurations,

· traduire des injonctions parfois contradictoires,

· et maintenir un cadre de travail cohérent malgré le manque de moyens.

Et pourtant, peu ou pas de reconnaissance réelle, ni en termes de revalorisation indemnitaire, ni en termes de perspectives de carrière, ni même dans les discours.

À quand une réflexion de fond sur leurs conditions de travail, leur surcharge mentale, et sur l’équilibre entre responsabilités exercées et reconnaissance accordée ?

La valorisation de l’encadrement intermédiaire ne peut plus être une simple incantation ou une promesse différée. Elle doit devenir un axe structurant de la gestion des ressources humaines, au même titre que la reconnaissance des métiers techniques, sociaux ou administratifs.

Non, la situation budgétaire ne peut pas tout justifier.

Elle ne peut justifier le renoncement à la justice sociale, à l’équité de traitement, au respect des droits fondamentaux des agents publics.

Elle ne doit pas servir d’alibi à l’inertie, ou à l’injustice.

Nous avons également une pensée pour nos collègues contractuels qui n’ont pas trouvé de solution de mobilité et qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation de précarité, certaines étant des mères isolées.

De la même manière que vous avez le devoir de rendre compte de votre mandat aux membres de votre majorité, à l’opposition, et plus largement aux Girondines et aux Girondins, vous comprendrez que la représentation du personnel a, elle aussi, la responsabilité de relayer vos choix, orientations et prises de position auprès des collègues qui lui ont accordé leur confiance.

Dans une période où la défiance s’installe à l’égard de tout ce qui incarne la République, il est plus que jamais essentiel de valoriser et de faire vivre la démocratie sociale.

C’est pourquoi, afin d’échanger plus directement sur nos attentes en matière de dialogue social et sur les dispositifs à mettre en place pour garantir les droits des agents, nous sollicitons une rencontre bilatérale.

Nous restons à votre disposition pour convenir d’une date dans les meilleurs délais.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de nos salutations respectueuses.